En toute inconscience

La « pleine conscience », je n’ai rien contre dans l’absolu. C’est très bien (parfois). Mais ça n’a juste rien à voir avec la conscience.

Si j’engloutis mon repas devant la télé, je suis parfaitement consciente que je suis en train de bouffer.

La prétendue « pleine conscience » n’est en réalité qu’une affaire d’attention.

De fait, l’attention est une ressource limitée, extrêmement convoitée par les « acteurs du marché » en ce siècle.

Alors, s’il s’agissait uniquement de se réapproprier son attention, de reprendre le pouvoir dessus, je n’aurais aucune objection. Mais inexorablement, le cordon ombilical qui rattache un concept pas-totalement-pourri à sa mère, la religion, finit par contaminer le rejeton avec ses miasmes mystiques.

Pour ceux qui peuvent se payer ce luxe, je vois très bien les bénéfices qu’il peut y avoir à muscler l’attention que l’on sait prêter aux plus petites de nos sensations et émotions agréables. Toutefois, la « doctrine » va bien plus loin. Elle nous invite à nous déconnecter de notre part cérébrale, à accepter tout ce qui vient « sans jugement » et « sans attente », pensées comme sensations physiques, agréables comme désagréables.
Et c’est là que ça chie.

Pardon, mais je ne crois pas que l’époque ait besoin de plus de gens qui arrêtent de réfléchir pour ne plus être que des communiants.

On peut être un individu rationnel et savoir prendre soin de soi, y compris en pratiquant à l’occasion ce que je préférerais appeler une « attention dirigée ». Et on peut le faire avec jugements et attentes, non pas en les rejetant, mais en les remodelant. Non pas en débranchant son cerveau, mais en s’en servant.

En attendant, je vous salue et je retourne à ma pleine inconscience.