Les grands basiques, à l’usage des non-Lyonnais
Quelques historiettes et anecdotes sur la ville et sa culture. Les suggestions, corrections ou questions sont les bienvenues.
Vous pouvez aussi aller jeter un œil à mes photos dans le menu « Lyon ».
La bannière de la région Rhône-Alpes, en haut, c’est le dauphin du Dauphiné, la croix de Savoie et le lion du Lyonnais, surmontés des traditionnelles fleurs de lys… Et donc, la bannière de la ville de Lyon, en bas, reprend le lion et le lys.
Un petit surnom très imagé : la basilique de Fourvière, que vous pouvez voir sur plusieurs de mes photos entre autres, a écopé du sympathique sobriquet de « éléphant pattes en l’air ». Et à y regarder de plus près… il faut avouer que ça lui va si bien !
La ville de Lyon est affublée de deux bosses, l’une à l’ouest, l’autre au nord. La première est la colline de Fourvière, dite « la colline qui prie » , en raison de sa basilique et des autres édifices religieux qui l’occupent, la seconde est la colline, ou plus exactement le plateau de la Croix-Rousse, dite « la colline qui travaille », en raison des nombreux soyeux (les négociants de la soie) et canuts (les ouvriers de la soie) qui y œuvraient autrefois.
Mais comme indiqué par un visiteur avisé (merci Ducakay) : « À l’origine la colline qui travaille était celle de Fourvière et celle qui prie celle de la Croix-Rousse car les ateliers de soieries étaient à St-Georges et les couvents dès le 16e à la Croix-Rousse. Ce ne sera qu’au 19e que cela va s’inverser avec la construction de la basilique de Fourvière & la récupération des couvents après expulsion des religieux par les canuts et soyeux. »
Le centre-ville lyonnais est une presqu’île orientée nord-sud, « en V », dont l’évasement au nord débouche sur la Croix-Rousse et dont l’apex, sous Perrache, pointe au sud. Oui, mais saviez-vous qu’il fut un temps où une rivière reliait les deux fleuves, au nord de l’actuelle presqu’île et qu’à cette époque, la presqu’île fut une île ? Maintenant, vous le savez !
En parlant de presqu’île… il n’en serait rien si Lyon n’était baigné par ses deux fleuves, s’écoulant grosso modo nord-sud, et nommés, de gauche à droite, Saône et Rhône. Il m’a fallu plusieurs mois pour me mettre dans le crâne qui était Mme Saône et qui était M. Rhône. Un moyen mnémotechnique pour s’en souvenir ? La galanterie ! On commence par les dames, donc madame la Saône est à gauche. Désolée, je n’ai rien de mieux à proposer !
C’est sans doute l’une des rares occasions où les journalistes parlent de Lyon (en dehors des match de l’OL à Gerland, ça va de soi) : la fête des lumières. Cette fiesta illuminatoire se déroule traditionnellement tous les 8 décembre, mais tend depuis quelque temps à s’étaler sur plusieurs jours. Une tenace rumeur prétend qu’elle était destinée à remercier la Vierge Marie d’avoir permis qu’une épidémie de peste se résorbe (quelque part autour de 1643). Mais notre visiteur avisé (merci encore à Ducakay) était heureusement là pour remettre les pendules à l’heure :
« La fête des lumières a comme origine l’inauguration de la statue de la vierge dorée placée au sommet de la vieille chapelle. L’inauguration n’ayant pu se faire le 8 septembre pour cause d’inondations dans l’atelier du fondeur, elle a été reportée au 8 décembre, où un orage terrible a empêché les lyonnais de placer leurs bougies à la chapelle, lors d’une accalmie ils ont placé leurs lumignons sur les fenêtres pour célébrer la venue de cette statue qu’ils aimaient.
Le vœu qui a été fait contre les épidémies, quelques siècles plus tôt, n’a eu comme résultat que la ville de Lyon soit sous la protection de la Vierge Marie & qu’une procession soit faite chaque année. Pas de lien avec la fête des lumières (la confusion est très courante car l’histoire de Fourvière est un peu compliquée parfois). »
Bien sûr, aujourd’hui, c’est surtout la fête d’EDF et des vendeurs de merguez.
Lyon, et sa gastronomie… Les grands classiques sont bien connus, rosette de Lyon, quenelles et autres tartes aux pralines, andouillettes lyonnaises, St Marcellin, sans parler des nombreux vins du coin.
Il y a quand même de ces spécialités dont les noms donnent à rêver et qu’on évoque avec gourmandise juste pour le plaisir de les dire : la cervelle de canut (fromage frais, échalotes, ciboulettes et quelques subtilités), le tablier de sapeur (« portion de bonnet de panse de bœuf, marinée, panée à la chapelure et poêlée ») , les bugnes (biscuits frits au parfum de fleur d’oranger traditionnellement consommés pour Mardi-Gras).
Je ne sais malheureusement pas ce qu’ont fait ces malheureux canuts, pour mériter la comparaison cérébrale avec un fromage blanc grumeleux et souvent bien aillé…
Toujours dans le registre gastronomique, bon à savoir : le vin, à Lyon, peut se commander par « pot », le pot lyonnais étant une bouteille en verre de 46 cl, à gros cul, enfin à fondement épais pour rester polie. Il paraît que cette unité date du 16ème siècle mais qu’alors le pot faisait 108 cl. Il aurait ensuite décru progressivement jusqu’à atteindre sa valeur actuelle en 1843, au grand désespoir du peuple (il ne savait pas encore, le peuple, que ce n’était que le début et que bientôt on lui intimerait l’ordre de se mettre au jogging, d’arrêter de fumer, de boire avec modération… de boire avec qui, dites-vous ? hmm, bref)
Assez mangé, assez désoiffé, revenons à nos murs. Les fameuses traboules de Lyon, vous connaissez ? Ce sont ces passages qui font communiquer deux rues en traversant les cours des immeubles. Il suffit de franchir une porte ordinaire, et de glisser un œil. On les trouve dans les vieux quartiers de la ville, « vieux Lyon » et Croix-Rousse, essentiellement. On rappelle souvent qu’elles ont bien servi les résistants, lors de la deuxième guerre mondiale, en leur permettant de semer leurs poursuivants.
En parlant de vieilles pierres… Saviez-vous que le vieux Lyon, qui saute aux yeux des touristes comme l’un des trésors de la ville, a échappé de peu à la destruction ? Non pas lors d’une quelconque guerre, non pas lors d’un incendie, non pas des siècles auparavant… non, non, non. Dans les années soixante, au XXème siècle, oui. Des histoires d’autoroute, d’aménagement de la voirie. Après tout, disaient certains, il n’y a là aucun monument ! Non, juste des bâtiments splendides (bien qu’insalubres à cette époque) datant parfois de la renaissance, rien de bien important, c’est vrai.
Précision géo-urbanistique : le vieux Lyon, c’est : du nord au sud, Saint Paul, Saint Jean et Saint George. La partie la plus visitée (et donc la plus fournie en boutiques de souvenirs et « restos à touristes »), c’est St Jean. Les autres parties sont bien sûr au moins aussi intéressantes mais, chhh… faut pas le dire, ça risquerait de se savoir !
Cette chose est une immeuble cylindrique, répondant au mignonnet surnom de « le crayon ». La tour, avec ces 165 mètres (paraît-il – je n’ai pas encore vérifié avec mon double décimètre) a l’avantage d’être un bon repère pour l’orientation, à défaut d’être un chef-d’œuvre. On prétend que c’est le plus haut immeuble hors région parisienne. Pour info, la tour abrite des bureaux, bancaires et autres, et un hôtel.
Mais la plantation de tours s’est poursuivie dans le quartier de la Part-Dieu… 2010 : la tour Oxygène, 117 mètres, pointe son nez ; janvier 2015 : la tour Incity sort de terre, avec ses 200 mètres. C’est pas encore Dubaï.
Dans la rubrique architecture phallique, nous avons à Lyon une intéressante petite chose : une reproduction exacte du troisième étage de la tour Eiffel parisienne. Construction achevée en 1894. Une rumeur, encore, prétend qu’elle aurait été bâtie par un fervent républicain dans le but avoué de ne pas laisser un bâtiment religieux dominer la ville. Mais il y a toujours un lecteur attentif pour balayer ces petits mensonges persistants (Merci D. Lebac), et c’est heureux : « le caractère anticlérical de la construction est une idée bien récente, due à l’extrapolation de Mme HAUDOIN FUGIER. La réalité est tout autre… Les pélerins de la basilique voisine avaient même droit à 1/2 tarif » (voir ici). Encore un mythe qui tombe. Nous nous en remettrons. Au pire, nous nous consolerons à l’idée que cet édifice, à défaut d’être « anti-clérical », est pour le moins relativement « a-clérical », et ce sera suffisant pour notre mauvais esprit.
Alors voilà, la mini-Eiffel ou tour métallique de fourvière, est le point culminant de Lyon, du haut de ses 85,9 mètres hissés sur la colline de Fourvière (pour tricher un peu), la tour, devenue antenne radio forcément, nargue gentiment la basilique, sa toute toute proche voisine. On comprend que l’éléphant-pattes-en-l’air en soit tout retourné, effectivement !
Pour plus de précisions sur la bestiole : la page wikipedia !
Brève (sans comptoir) : Lyon s’est appelée Lugdunum à l’époque d’Astérix et a été capitale des Gaules, pour ceux qui l’ignorent.
Incontournable, quand on ne connaît qu’une chose de Lyon, c’est généralement sa place Bellecour, et pour cause : la grande place au sol rouge est… grande, oui. Elle est répertoriée comme la plus grande place piétonnière d’Europe. Accessoirement, c’est le centre routier de la ville, puisqu’elle est utilisée comme point zéro pour le calcul des distances routières. Elle est impressionnante… de vide. En dehors des manifestations (au propre et au figuré) occasionnelles, patinoire d’hiver, rediffusion de matchs de foot sur écran géant, tournois de beach volley avec déversement de tonnes de sable en été, et caetera, peu d’aménagements permanents si ce n’est la statue de Louis XIV à cheval sur son dada depuis 1826, deux ou trois arbres et un office du tourisme.
À propos de cette statue, d’ailleurs, court également une vieille légende urbaine : le sculpteur, François-Frédéric Lemot, se serait suicidé au motif qu’il aurait oublié les étriers sur sa statue équestre. En plus d’être assez crétin, c’est simplement faux.
« En descendant, montez don’ voir le p’tit comme il est grand ! » Cette phrase savoureuse est attribuée à la Mère Cottivet, un personnage lyonnais pittoresque. Il s’agissait apparemment d’une vieille concierge qui occupait une loge dans la montée de la grande côte, sur les pentes de la Croix-Rousse. Récupérée par un fin observateur, elle est devenue un personnage récurrent de la scène comique lyonnaise, une icône.
Autre incontournable figure :
Gamine, j’ai vu parfois des théâtres de Guignol dans des parcs parisiens… Guignol, Gnafron et Madelon avaient étrangement perdu leur parler lyonnais !
Car, oui, Guignol est lyonnais, bien sûr. La marionnette aurait été créée vers 1808 par un ancien canut du nom de Laurent Mourguet en quête de reconversion (qui entre canut et marionnettiste a aussi connu une petite carrière d’arracheur de dent !)
Des infos très détaillées sur le personnage, son créateur et tout ce qui les entoure sur wiki : Guignol sur wikipedia
Si vous passez par Lyon, vous entendrez peut-être parler de la Guill’, quoi que le coin ne soit pas des plus touristiques. Il s’agit en effet d’un quartier de Lyon, à l’est du Rhône : la Guillotière. Le pont qui part de la place Gabriel Péri (anciennement place du Pont et que beaucoup continuent d’appeler ainsi, c’est bon à savoir, croyez-moi !) et qui relie le quartier à la presqu’île était autrefois le seul pont de Lyon sur le Rhône, ce qui en faisait une porte d’entrée dans la ville. Le rattachement définitif de la Guill’ à la commune de Lyon ne date que de 1852.
Le quartier est depuis longtemps un quartier populaire, mais comme souvent aujourd’hui dans les grandes villes, en voie de « boboïsation ».