Si l’humanité était un Homme…


si l'humanité était un homme

Oui, si l’humanité était un Homme… les hommes l’enfermeraient sur le champ ! C’est vrai : l’humanité cumule à elle seule une somme impressionnante de pathologies et je gage que tout professionnel avisé qui la rencontrerait sur un bord de trottoir se hâterait de contacter les services psychiatriques (après avoir soigneusement ficelé la camisole, s’entend). Mégalomane, mythomane, égocentrique, démente, maniaque, phobique, amnésique, délirante, irresponsable, agressive, suicidaire, sadique… la suite se trouve dans le premier manuel de psy clinique sur le rayonnage (ou dans la table des matières du DSM-5).

Immature, pour commencer.
Un exemple ? On pardonnerait plus ou moins à un enfant de ne pas savoir s’arrêter de vider le placard à bonbons en dépit des conséquences délétères pour son système digestif. Ignorance, immaturité, « il faut bien que jeunesse se passe » et pour cela qu’elle se fasse quelques caries. Eh bien, mademoiselle l’humanité se gave de hamburgers, de labeur, de morale, de religion et de bien d’autres produits plus toxiques les uns que les autres, en dépit des diarrhées que ceux-ci n’ont cessé de lui valoir au fil des millénaires. Peut-être que, pour une humanité civilisée, quelques milliers d’années font à peine une enfance, peut-être n’en sommes-nous pas même à l’éruption du premier bouton d’acné, mais dans ce cas qu’on nous place sous tutelle ! L’humanité doit être déclarée irresponsable jusqu’à sa majorité !

Mégalomane, c’est plus grave encore.
Mademoiselle se pense de fait, incontestablement, supérieure à tout, en tout. L’humanité est la création ultime pour laquelle « Dieu » a créé de quoi s’amuser. L’humanité pense être la créature la plus sophistiquée, la plus intelligente, celle dont la vie a le plus de prix. (Et s’il s’agissait seulement d’un instinct de survie…) Elle se décrète « seule à savoir rire », « seule à être consciente d’elle-même », « seule à se savoir mortelle », seule à ceci, seule à cela, malgré tous les démentis de la science zoologique. Tout observateur sensé reconnaît la pathologie. Il ne sert à rien d’entrer dans le « jeu » de la maladie et de réfuter chaque assertion du malade, même si ce serait assez aisé. Il faut aller à la source du problème et chercher à identifier chez le patient ce qui l’amène à vouloir se donner tant d’importance, exister en écrasant ce/ux qui l’entoure/nt. Mademoiselle humanité, dites-nous, avez-vous manqué d’affection pendant vos jeunes années ?

Mythomane de surcroît.
C’est que mademoiselle s’imagine être au centre d’un grand projet. Tout ce qu’elle fait, tout ce qu’elle est, a nécessairement une raison d’être, et une raison supérieure je vous prie. Elle est le héros de la grande histoire, comme sa petite planète est le centre de la galaxie et le centre de l’univers. Bon, l’astronomie aidant, après de menus bûchers, elle a dû faire quelques concessions de ce côté-là, mais il n’en reste pas moins qu’elle manque sérieusement de recul sur sa destinée et son origine : à ses yeux, une chose est sûre, et c’est qu’une œuvre aussi sublime qu’elle ne peut pas avoir été créée totalement par hasard, sans motivation et sans but. L’axiome étant « je suis sublime ». No comment.
(Personnellement, je comprends, je suis moi-même tellement sublime que je ne crois pas avoir pu être créée par mes parents, je dois nécessairement être l’œuvre d’un créateur supérieur et je dois avoir un destin fabuleux – aaaah non je vous en conjure, pas les électrochocs !)

Incohérente et suicidaire.
Mademoiselle consacre le gros de son énergie à rendre sa propre vie impossible à terme. Elle se met la tête dans un sac de monoxyde de carbone et elle fait tourner le moteur. Elle saccage son berceau comme le gros nourrisson capricieux et inconscient qu’elle est. Sauf qu’elle est au courant de ce qu’elle fait et qu’elle s’en contrefiche, ce qui relève davantage de la pulsion morbide. Pour une créature à la destinée extraordinaire, voilà qui est plutôt singulier. Incohérent, dément. On engueule volontiers le fumeur de vingt ans qui tue l’homme de cinquante ans qu’il sera (ou ne sera pas) ; mademoiselle est une véritable toxico et personne ne l’en blâme. Elle se déchire les poumons à coups de développement économique et tout le monde applaudit cette grande marque de maturité humaine. Bravo, tu fumes comme une grande !

Violente, agressive.
Est-il besoin d’expliciter ? Les lois de la sélection naturelle parlent d’elles-mêmes : pour survivre, il faut être soit très adapté soit très agressif. L’humanité est depuis toujours (ou peut-être plus particulièrement depuis qu’elle a renoncé à être un singe) un asticot des plus inadaptés : petit, mou, déplumé, fragile, lent, terrien, sans carapace, ni griffes, ni crocs, sans aptitudes de camouflage ou capacités de déplacement particulières, aux sens ridiculement peu développés, etc. Mais elle n’est pas en reste lorsqu’il s’agit de montrer les dents. Mademoiselle a mis son intelligence au service de l’agressivité, avant tout : dominer tout ce qui l’entoure. Une fois la chose faite, ne pas s’arrêter en route, continuer de tuer, au-delà du simple nécessaire. Tuer, plus vite, plus souvent, sans effort. Tuer sans « faire de sentiment ». Et pour passer le temps, s’entretuer.

Maniaco-phobique.
Il semblerait que la damoiselle ait développé une tendance à l’hygiénisme aigu. Elle se met ou se remet à confondre propreté et pureté. Elle se lave la bouche à l’eau de javel, elle pousse de hauts cris à la moindre évocation du miasme, elle se fige dans un idéal mortifère de vie stérile, au sens propre ! Si l’enfermement semble un peu radical, du moins pourrait-on prescrire une bonne thérapie comportementale à la patiente, avant qu’elle ne s’arrache tout à fait la peau des mains avec sa brosse en fils d’acier. Enfin, ce que j’en dis…

Inutile de poursuivre le catalogue et d’accabler davantage cette grande malade. Pourrait-on seulement y gagner un tout petit peu en humilité ? Ça ne tue pas et ça aurait au moins le mérite d’ouvrir d’autres horizons à la réflexion. Un peu d’humilité… Et pourquoi pas ?

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