Fiche pratique : c’est quoi, un psy ?

Quelles différences entre un psychiatre, un psychologue, un psychanalyste, un psychothérapeute et un psychopraticien  ?

Numéro 1 : la formation

Le psychiatre est le seul à avoir fait des études de médecine (le « iatre » du psychiatre), avec une spécialisation en psychologie.

Le psychologue doit avoir fait des études universitaires complètes en psychologie (licence, master, mémoire de recherche et stage) et être inscrit au répertoire national et départemental.

Je ne rentrerai pas dans le détail de la nature et de la qualité des formations, c’est un autre sujet. Du moins peut-on affirmer que ces professionnels-là disposent de formations poussées et reconnues, qu’ils peuvent être considérés comme des professionnels de la santé mentale et que leurs professions sont réglementées.

Quant au titre de psychanalyste, il n’est pas réglementé et n’a aucun statut légal. L’Institut français de psychanalyse définit lui-même le psychanalyste comme un « intellectuel ». Faute de réglementation, aucune formation ne s’impose légalement. N’importe qui peut poser sa plaque. Si toutefois ils aspirent à une certaine légitimité au sein de leur communauté, les psychanalystes devront avoir eux-mêmes fait une analyse et, selon l’Institut susmentionné :

« Les psychanalystes devraient idéalement pouvoir justifier d’un diplôme de niveau bac + 5, en psychologie, en psychopathologie ou en psychanalyse, ou, si tel n’est pas le cas, d’un équivalent dans un autre domaine scientifique témoignant d’une capacité d’approfondissement d’un travail ordonné et évalué ». Tout est dans le « idéalement ».

Depuis une loi relativement récente (2004, décret en 2010), le « titre » de psychothérapeute est lui aussi réglementé :

« L’inscription sur le registre national des psychothérapeutes […] est subordonnée à la validation d’une formation en psychopathologie clinique de 400 heures minimum et d’un stage pratique d’une durée minimale correspondant à cinq mois […].
L’accès à cette formation est réservé aux titulaires d’un diplôme de niveau doctorat donnant le droit d’exercer la médecine en France ou d’un diplôme de niveau master dont la spécialité ou la mention est la psychologie ou la psychanalyse.
 »

Le psychothérapeute pourra donc être un médecin ou un psychologue, ou encore un psychanalyste qui a fait des études «  agréées  »*. Le terme ne désigne pas réellement un titre, mais davantage une pratique.

Sur la question de la formation, j’hésite à évoquer le psychopraticien, puisque la réponse est « néant ». Il s’agit moins d’un titre que d’une appellation d’origine non contrôlée. Aucune réglementation, aucune réalité solide, juste une étiquette pour ceux qui souhaitent vendre de la « thérapie » sans la moindre qualification. D’où sa récupération par une diversité ébouriffante de professionnels de l’ésotérisme.

Numéro 2  : la pratique

Une chose est sûre  : dans la pratique, le psychiatre est le seul à pouvoir prescrire des médicaments. Personne ne dit, bien sûr, que les médicaments sont la réponse à tout en matière de santé mentale, mais ceux qui refusent par principe le recours à ce qu’ils appellent avec dégoût «  la chimie  » ont à mon sens une posture criminelle (et accessoirement ignorante).

Cette distinction mise à part, le sujet de la pratique devient infiniment plus complexe.

Il existe une quasi infinité de courants, sur un large spectre qui s’étend de l’hallucination mystique à la psychologie fondée sur les données probantes (un chantier en construction, mais qui s’appuie sur des fondations solides), en passant par divers degrés de philosophies, souvent brodées autour de névroses** personnelles (sic).

Concrètement, pour caricaturer un chouïa, juste un chouïa, certains vous proposeront des méthodes imaginatives pour réaligner vos chakras, d’autres vous inviteront à parler en longueur de votre maman, tandis que les derniers chercheront avec vous à comprendre la nature exacte de votre souffrance puis à construire ensemble des solutions efficaces.

Tous ou presque (y compris, parfois, ceux qui n’en ont pas le droit) vous proposeront une psychothérapie, mais la forme que prendra cette dernière sera extrêmement variable.

Histoire de simplifier encore les choses, certains psychiatres et psychologues pratiquent des psychothérapies d’orientation analytique, d’autres pas, et tous ne vous préciseront pas quelle est leur école de pensée lors de votre première rencontre. Certains psychiatres et psychologues aspirent à plus de scientificité dans leur pratique (non, ce n’est pas une insulte, ça veut juste dire qu’ils acceptent d’évaluer l’efficacité de leur pratique), mais parmi eux, il en est qui cèdent un peu trop vite aux sirènes de nouvelles techniques non éprouvées. Rien n’est la garantie de rien. C’est la jungle.

Alors, comment s’y retrouver  ? Comment décider du psy à consulter  ?

Si vous allez plutôt bien (y compris financièrement) mais que vous ressentez une légère irritation au niveau du chakra inférieur gauche les nuits de pleine lune, vous pouvez sans trop de risque vous rendre chez le psychopraticien le plus proche.

Si vous avez vraiment besoin de parler de votre maman, sans que votre vie en dépende, vous trouverez une vaste gamme de psychanalystes à votre disposition. Freudiens, Jungiens, Lacaniens, pour les plus connus, et bien plus encore. They come in all kinds of shapes and colors !

Si vous subissez une dépression, par exemple, commencez par aller voir votre généraliste, ou éventuellement un psychiatre si vous avez les moyens. En tant que médecin, le psychiatre est remboursé, mais les dépassements d’honoraires scandaleux sont loin d’être rares. Sinon, vous avez bien les CMP (centres médico-psychologiques), dont les psychiatres et psychologues accueillent gratuitement les personnes en souffrance psychologique… moyennant six mois d’attente et une prise en charge parfois indigente (faute de temps et de moyens, probablement).
Si vous avez besoin d’une psychothérapie, après la consultation du généraliste, à votre place, j’opterais pour un psychologue. Là encore, les pratiques sont diverses et il est important de discuter dès le début de la méthode employée par le professionnel pour vous assurer qu’elle vous convienne.

Si vous avez un besoin spécifique bien identifié (une phobie, par exemple), le plus sûr serait de trouver un psychologue spécialisé. Il en existe plein.

Bref, je n’ai pas fait le tour du sujet. Il faudrait des années.

Tout ça est bien compliqué, malheureusement.
Je dirai, en résumé : si vous allez mal, hôpital (en cas d’urgence aiguë), généraliste, psychiatre ou psychologue, selon la situation. Et pour le reste : ne soyons pas passifs ! renseignons-nous sur la formation, le courant de pensée et les méthodes de nos professionnels de santé mentale. Et n’hésitons pas à en changer, si nécessaire. Puis, pour les plus courageux, militons pour une prise en considération sérieuse de la santé mentale car, non, ce n’est pas un sujet anecdotique.

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* « Il existe aujourd’hui des formations en psychopathologie et en psychanalyse, de qualité variable selon le degré d’idéologie dont elles peuvent être imprégnées, dont quelques unes sont agréées pour le titre de psychothérapeute, dispensées en particulier au sein de cursus universitaires. » (Institut français de psychanalyse)

** Névrose ? Grosso merdo, un trouble psychique dont le patient est conscient mais qui prend naissance dans son inconscient (l’inconscient psychanalytique, bien entendu).

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