Celui qui pense avoir une bonne mémoire s’expose davantage au risque de se fourvoyer. Tout simplement parce qu’il lui accorde une confiance aveugle. Or, qu’on la pense bonne ou qu’on la sache faillible, notre mémoire nous trompe, inéluctablement.
Et pourtant, nous avons besoin d’elle. Pour construire notre vie, pour écrire notre fable personnelle, pour élaborer notre être au monde, pour penser, pour ressentir, pour réfléchir.
Notre fondation : un château de sable, mouvant.
J’avais écrit, pour la chanson Recuerda : « Nuestras memorias están tan llenas de las mentiras de nuestras amnesias » (Nos mémoires sont tellement pleines des mensonges de nos amnésies).
Il faut croire que les personnes, comme les peuples, bâtissent leur histoire sur des mensonges.
Peut-être n’est-ce pas si grave. Peut-être est-ce même nécessaire, parfois. Je crois, néanmoins, que l’on gagne toujours à rester lucide, même lorsque l’on se ment.